Alors que le parti politique en exil CORED avait pris la décision de boycotter les élections présidentielles en Guinée équatoriale par une annonce parue dans un communiqué de presse en date du 15/03/2016 [1], c’est au tour du parti légalisée CPDS d’annoncer sa non-participation.
Si le parti CORED faisait suite à une logique impulsée depuis sa « déclaration de Madrid » de l’année 2015, demandant des élections libres et indépendantes et jugeant que les conditions n’étaient pas réunies, la prise de position du CPDS est un changement de cap radical de ce parti.
Nous avons ainsi pu lire un réquisitoire en 6 points du CPDS paru le 19/03/2016 dans les réseaux sociaux et repris en français sur le site ASSO-FRAGE [2], dénonçant les conditions anticonstitutionnelles de ces élections ainsi que les irrégularités déjà constatées, pour conclure :
« Tous ces faits, démontre que le président Obiang n’a pas la moindre intention d’organiser des élections fiables, mais qu’il souhaite juste se maintenir au pouvoir ».
Cette annonce est tout à fait remarquable et même qualifiée « d’historique » de la part de commentateurs habituellement critiques à l’égard du CPDS, remarquable dans la mesure où ce parti légalisé s’est toujours plié à l’exercice d’élections contrôlées par le pouvoir. Alors que l’on pouvait s’attendre à un consensus pour une candidature unique depuis les trois partis d’opposition légalisée, CPDS, UCD et CI, c’était la tendance il y a seulement quelques jours, le CPDS, principale force des partis légalisés, se dégage donc définitivement du paysage électoral officiel proposé et appelle ses militants et sympathisants à ne pas voter.
Cette prise de position et celle du parti CORED amorce une donne inédite pour les élections à venir, le pouvoir de Malabo ayant pour habitude de se servir de la participation d’une opposition contrôlée pour valider les résultats aux yeux de l’opinion internationale, cette fois il lui restera peu de temps pour tenter de recomposer un partenariat crédible, avec une opposition soumise. Le choix d’élections anticipées pour prendre de court l’opposition semble tourner en sa défaveur. Il restera à voir si d’autres partis d’opposition feront un choix similaire au CPDS.
Par ailleurs, nous apprenons que le parti politique CORED va lancer à tous les partis d’opposition, pour signature, un appel au boycott général et demander, dans le même temps, une implication de la communauté internationale afin qu’un véritable processus démocratique soit mis en place. Est-ce que cet appel préfigure un rassemblement de certaines forces d’opposition ? Il est trop tôt pour le dire, mais, avec le retrait du CPDS des élections, un changement de cap inédit est en œuvre.
[1] http://coredge.org/nouvelles-elections-frauduleuses-en-guinee-equatoriale/