La campagne électorale pour les élections présidentielles du 24/04/2016 a été lancée officiellement par le Président Obiang avec un discours d’inauguration au stade de Malabo, le 08/04/2016 [1].
Malgré la fermeture des entreprises privées et publiques, une quasi obligation pour les habitants de se rendre à ce meeting, nous reviennent, par les médias officiels, des images surprenantes. Le stade est tout simplement vide de participants, les gradins désertés, seules des photos avec plans resserrés sur le président attestent de la présence de quelques personnes, certaines sources évoquant moins de mille participants (Pour un stade pouvant en contenir plusieurs dizaines de milliers).
La campagne commence donc par un véritable fiasco pour le Président Obiang et son parti, le PDGE. Bien entendu, les durs effets de la crise se font sentir quant à l’approbation de la population vers un pouvoir qui n’a su faire face sur le long cours à cet écueil, avec une économie étant restée monophasée sur le pétrole. Cette situation n’explique pas pour autant et seule la défection évidente de l’opinion équato-guinéenne. Une longévité de presque 40 ans, des affaires de corruptions atteignant des sommets sur ces deux dernières décennies d’exploitation pétrolière, la contention répressive à tous les niveaux de la société civile, les crises énergétiques internes avec des pénuries constantes ces derniers mois, font que le bilan du Président Obiang ne se lit plus seulement dans une propagande omniprésente mais tout simplement dans la réalité la plus brute et quotidienne de la population, rajoutant à la disparité avec les élites du pouvoir pour ne pas dire le clan.
La perspective de l’impossibilité d’une alternance réelle, par des élections précipitées empêchant l’opposition de structurer son action, la mise en place de candidats factices parce que non représentatifs des opinions, rajoute à une forme de mécontentement à cette campagne et cela se manifeste, sans aucun doute, par un absentéisme inédit jusqu’alors dans le paysage politique écrasé par le PDGE.
Cette situation nouvelle et spontanée rejoint le positionnement des principaux partis politiques avec l’annonce d’une campagne de boycott massive, partis légalisé de la coalition FOD, ou parti politique CORED (qui se structure à présent avec une représentativité à l’intérieur du pays). La non reconnaissance du résultat des élections à venir étant devenue le maitre mot, ces partis invitent les électeurs à ne pas valider un processus électoral jugé factice et truqué.
Un nouveau contexte politique est en train de se dessiner avec la mise au ban annoncée de la validation du scrutin par les principales forces d’opposition. Une situation risquant de devenir très embarrassante pour le pouvoir dans ses relations à l’international où les processus électoraux étaient censés le légitimer dans le concert des nations dites démocratiques.
Un deuxième volet reste en attente et concerne la succession du Président Obiang. L’opposition suppose que ces élections vont servir par la suite à effectuer une translation de pouvoir entre le président et son fils Teodoro. Dans le discours inaugural du 08/04/2016 le Président sortant annonce clairement la couleur : « Cette campagne sera ma dernière » et encore « préparer l’alternative mais ne pas permettre l’ascension de personnes aux ambitions personnelles sans lendemain ». Sans expliciter qui sera son successeur, c’est lui qui le désignera, oubliant de par ce fait les rouages habituels de la démocratie où seul le résultat des votes désigne et légitime le candidat choisi.
En attendant, le pays reste sous haute surveillance avec la présence de soldats étrangers (Zimbawe) comme force de l’ordre, une campagne officielle prenant des allures de plébiscite interne au seul PDGE, une force d’opposition faisant campagne elle pour un boycott massif et de pseudos candidats opposants comme faire valoir à la campagne officielle. Un contexte électoral très difficile pour le pouvoir en place et qui pourrait déraper à tout moment, les mouvements de mécontentement de la population n’ayant aucun exutoire pour s’exprimer. C’est ce que relève le parti CORED, mettant l’accent sur cet aspect depuis plusieurs semaines avec le danger de voir naitre des contestations qui ne seraient plus endiguées dans une expression politique contenue.
[1] http://www.guineaecuatorialpress.com/noticia.php?id=7642